vendredi 16 novembre 2012

Les Maux


Symposium de la Douleur, Octobre/Novembre 2011. Aix-en-Provence.

C'est après ou pendant la lecture de Douleur exquise, écrit par Sophie Calle que ce projet est né. À la base de ce dernier, deux urnes en bois, semblables à des boîtes aux lettres, l'une disposée dans le hall de l'école, l'autre dans la salle d'attente du centre Anti-douleur de l'hôpital d'Aix-en-Provence. Couplé à cela s'ajoute la création d'une adresse mail.
 
 
Les maux promet d'être dès le début un projet participatif, ayant pour thème principal la douleur. La question que je pose aux gens est simple: "Quand avez vous le plus souffert ?". Simple et évasive à la fois, la question permet d'accéder à un grand panel de réponses.
 
 
Les boîtes aux lettres provoquent d'abord une certaine curiosité, puis s'installe une sorte de jeu. Certains décident d'y glisser des petits maux, tandis que d'autres, plus aventureux peut-être, décident de me faire parvenir leur témoignage par mail. Les réponses demeurent cependant anonymes, et même si l'identité apparaît dans l'adresse mail, aucun des témoignages n'est signé.
 
 
Fiction ou véritables témoignages ? La question ne s'est jamais profondément posée lors de la mise en place du projet dans l'espace. Après plusieurs semaines de récolte, l'heure de l'exposition au sein de l'hôpital arriva. Je décidai alors de faire évoluer le projet grâce à un objet simple, peu honnereux et très parlant: l'enveloppe.
 
Ainsi aboutit (presque) le projet les maux. J'étalai alors sur un des murs de l'hôpital des centaines d'enveloppes aux couleurs flashys, à la fois pour attirer le regard et pour détonner avec leur contenu lorsque je constatai enfin l'interêt des personnes "en direct". Pas le temps de finir mon installation que des inconnus venaient me voir: "que faites-vous?", "c'est quoi toutes ces jolies enveloppes?" etc. Force est de constater que le simple fait d'accrocher des enveloppes multicolores et d'expliquer mon projet aux individus qui me posaient des questions m'apporta quelques témoignages supplémentaires. Je constatai alors ce que je pressentais avant même de lancer ce projet: les gens ne demandent qu'à en parler, pour peu qu'on les pousse un peu.
 
 
Une fois toutes les enveloppes installées, il fallut alors glisser dans chacune d'elles les témoignages récoltés, soit un peu moins d'une centaine, les enveloppes vides étant une invitation évidente à de nouveaux témoignages. L'installation terminée, les gens pouvaient à leur guise consulter les témoignages mais aussi participer à ce "mur" et permettre ainsi au projet de perdurer.
Dès lors, nouveau constat: à la fin de la journée, la moitié des témoignages déposés à l'avance avait disparue. Ce pourrait-il que des individus, sensibles à ce qu'ils lisaient, aient choisi d'emporter le texte avec eux ?
 
Quoiqu'il en soit, ce symposium fut une belle expérience. Après l'exposition, j'ai choisi de réimprimer tous les témoignages et de les relier en une sorte de receuil.
Le personnel de l'hôpital m'a confié vouloir poursuivre cette expérience en instaurant une sorte de mur communicant qui permettrait aux patients de raconter leur expérience et de lire celles des autres.
 
 
Références : Sophie Calle, Boltanski, Annette Messager, Facebook, Twitter et les réseaux sociaux de manière générale, le mur des lamentations, mur aux voeux (tradition japonaise), Tanabata est la fête japonaise des étoiles, le mur de Roméo et Juliette à Vérone…
 
 




4 commentaires:

  1. Oh c'était donc ça... C'est assez impressionnant à quel point ton expérience personnelle peut influer tes projets, ça en devient vraiment très riche.. C'est sympa, le fait que le personnel de l'hôpital aient repris le système..

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    1. Hé oui (: !
      Encore une fois merci !
      Oui j'ai été très touchée d'apprendre qu'ils voulaient reprendre l'idée, faudrait que j'y repasse prochainement pour voir où ça en est (:

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Ah, c'était donc pour ce projet que tu récoltais les témoignages! =)
    J'aime beaucoup cette démarche, elle instaure une sorte de communication anonyme et muette très touchante! Une connexion entre les gens, et peut importe quelles sont leurs origines, leur sexe, ou tout ce qui peut les séparer!

    Caro750

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